Situé en plein coeur de la seule région occitane du département des Pyrénées Orientales, le Fenouillèdes, Trilla possède une histoire millénaire marquée par les bouleversements politiques et territoriaux ainsi que par une très forte tradition agraire. Mentionné pour la première fois en l'an 1011, notre village a des origines bien plus anciennes puisque la présence de deux dolmens sur le territoire communal atteste de l'occupation de celui-ci depuis la fin de la préhistoire.
Pourtant la trace de Trilla ne réapparaît qu'au XIème siècle, en1011, date à laquelle une bulle du Pape Serge IV confie l'alleu de Trilianum à l'Abbaye de Saint Michel de Cuxa, située dans le Conflent. En effet, détachés du Razès (Pays de Rennes) dès 870, Trilla ainsi que tout le Fenouillèdes vont être intégrés au Comté Catalan de Cerdagne-Besalù et ce jusqu'au Traîté de Corbeil qui restitue la région au Languedoc et donc à la Couronne de France en 1258.
Ces changements politiques ne vont nullement affecter le développement de notre village puisque celui-ci va être le siège d'une seigneurie dont les seuls vestiges actuels sont le lieu-dit "Le Casteil" (ruines du Château et de la Cité Sainte Anne) ainsi que les mentions de la famille seigneuriale de Trilla que l'on peut retrouver sur différents actes officiels de l'époque tels que des testaments, des hommages ou bien encore la stèle gravée au prieuré Sainte Marie de Marcevol en guise d'épitaphe du prieur Bertrand de Trilla (mort en 1282).
Peu après son retour dans le giron français, Trilla devient un fief royal offert, pour services rendus à Philippe le Bel (1285-1314), au Chevalier Raimond de Canet en 1307. C'est également à cette période que le Fenouillèdes est rattaché au tout nouveau Diocèse d'Alet (créé en 1318) pour constituer les vigueries de Fenouillèdes et de Termenès. Ces vigueries vont fusionner en 1463, pour devenir la viguerie de Caudiès alors que Trilla va passer des mains de la Famille de Peyrepertuse à celles de la Famille de Montesquieu suite au mariage de Jeanne de Peyrepertuse avec Antoine de Montesquieu. Le lieu de Trilla sera d'ailleurs accordé à ce dernier par le Roi en 1479 suite à une prestation de serment. Cette période est d'autant plus importante que le blason de notre commune est issu des armoiries de la famille de Montesquieu : "De gueules à trois chevrons de sable".
Au lendemain de la Révolution Française (1789), la Convention décide la suppression des anciennes provinces et leur remplacement par une division territoriale nouvelle : le Département. Peu soucieux de l'Histoire et des traditions le tracé départemental tient plus compte de la Géographie. Ce qui explique que Trilla et la majeure partie du Fenouillèdes, anciennement rattachés au Languedoc, vont se trouver liés au Roussillon dans le Département à majorité Catalane des Pyrénées Orientales. Notre village, qui compte à cette époque 125 habitants, fait dès lors partie du Canton de Sournia et de l'Arrondissement de Prades ce qui oblige sa population à tisser de nouveaux liens avec les "voisins" Catalans.
Le XIXème siècle sera celui de la modernisation de notre commune avec la construction de la nouvelle église paroissiale Notre-Dame de l'Assomption (1852-1854) afin de remplacer la vetuste église Sainte Colombe; celui de la poussée démographique avec une population frôlant les 200 habitants et enfin celui de la mutation de l'activité agricole qui va peu à peu voir la viticulture quasi-exclusive remplacer la séculaire polyculture de subsistance et ce grâce aux nouveaux moyens de transport et au désenclavement de notre région.
Victime de l'exode rural tout au long du XXème siècle, la population trillanaise s'est aujourd'hui stabilisée et connaît même une légère augmentation (60 hab. en 2006, 66 en 2011) alors que notre commune, toujours à dominante agricole, s'est ouverte au tourisme vert et aux projets d'envergure tels que le Barrage sur l'Agly.